Innovation
Sommes-nous prêts à vivre avec des robots humanoïdes ?

L’idée d’un robot capable d’aider dans les tâches quotidiennes a longtemps fait rêver : préparer le café le matin, passer l’aspirateur, ranger, cuisiner… Un véritable compagnon domestique. Mais selon un sondage réalisé par IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers), ce rêve n’est pas tant celui des particuliers mais au final plutôt celui des grands groupes industriels lancés dans cette course à la construction du meilleur humanoïde. Alors, les humanoïdes, est-ce vraiment pour bientôt dans nos maisons ?
Aujourd’hui, des entreprises comme Tesla, 1X ou Figure ne se contentent plus de produire des voitures, des drones ou des logiciels : elles annoncent des humanoïdes destinés au grand public. Les conférences se succèdent, les prototypes sont dévoilés dans des vidéos spectaculaires où les robots marchent, parlent, manipulent des objets… et semblent presque humains. Chaque démonstration promet un avenir où ces compagnons mécaniques pourraient aider dans la cuisine, ranger la maison, voire tenir compagnie.
Pour le grand public, ces annonces suscitent un mélange d’émerveillement et de scepticisme. Certains imaginent déjà un futur où le ménage se fait tout seul et où les tâches quotidiennes deviennent presque un jeu. D’autres se demandent : “Et si ces robots étaient trop proches de nous ? Et si leur présence devenait inquiétante ou envahissante ?”
Dans le fond, ces entreprises ne vendent pas seulement de la technologie. Elles proposent une vision du futur, où la vie quotidienne pourrait être partagée avec des machines capables de comprendre, réagir et interagir comme des humains. Mais cette vision entre en collision avec nos habitudes, nos repères et notre perception du vivant. L’enthousiasme pour la prouesse technique se heurte à la prudence instinctive face à l’inconnu. Mais savez-vous à quoi est due cette méfiance presque instinctive envers ces robots humanoïdes ?
Des robots, oui… mais pas humanoïdes

Selon le sondage réalisé par IEEE, la majorité des personnes préfère plusieurs robots spécialisés plutôt qu’un seul humanoïde capable de tout faire. Un robot pour nettoyer, un autre pour cuisiner… C’est déjà ce que connaissent bien les foyers : Roomba, Cookeo, tondeuses robotisées… Ces machines sont adoptées sans difficulté. Pourquoi ? Parce qu’elles sont utiles, efficaces et… pas humaines.
Le problème ne se situe donc pas dans la robotique en elle-même, mais plutôt lorsqu'un robot commence à ressembler à un humain. La perception change alors : le visage, les mouvements, la voix… Des détails qui deviennent vite dérangeants.
L’anthropomorphisme : quand le familier devient inquiétant

Donner des traits humains à une machine, c’est ce qu’on appelle l’anthropomorphisme. Et le cerveau humain y est très sensible. Dans les films d’horreur, cette technique crée un malaise : poupées tueuses, clowns, robots aux regards vides, chimères étranges… La frontière entre vivant et non-vivant devient floue, provoquant un mélange de fascination et de peur.
La pop culture renforce cette méfiance : Terminator, I, Robot, Black Mirror… Les humanoïdes y apparaissent souvent comme dangereux, imprévisibles ou manipulateurs. Il n’est pas surprenant que l’idée de les voir dans un salon suscite une réaction de rejet.
Pour illustrer, imaginons les voitures autonomes : si elles avaient été équipées d’un robot humanoïde au volant, auraient-elles été acceptées aussi facilement ? Probablement pas. Même une technologie avancée peut sembler intimidante si elle prend une apparence humaine.
Cela montre que les robots sont mieux acceptés lorsqu’ils restent des outils et non des copies de l’humain.
Une acceptation sous conditions
Selon l’article de IEEE, certaines personnes seraient déjà prêtes à accueillir un humanoïde à domicile, mais uniquement si certaines conditions essentielles sont respectées :
- Fiabilité – le robot doit accomplir correctement ses tâches, sans erreurs ni pannes. Les utilisateurs veulent être sûrs qu’il saura gérer à la fois les tâches simples et les situations imprévues.
- Sécurité – le robot ne doit représenter aucun danger pour les habitants. Il doit être capable de détecter les obstacles, d’éviter tout risque et de manipuler des objets sans causer de dommages. Là encore, il ne s’agit pas seulement d’une précaution : c’est une condition indispensable pour que les gens acceptent sa présence à domicile.
- Coût abordable – le robot doit rester compétitif par rapport aux alternatives, qu’il s’agisse d’appareils électroménagers ou de services humains. Même le robot le plus fiable et sécurisé sera difficilement accepté si son prix dépasse largement ce que le marché considère comme raisonnable.
Le sondage cité par IEEE montre que ceux qui accepteraient ces robots sont souvent familiers avec les nouvelles technologies ou motivés par la perspective de simplifier le quotidien. Mais même pour eux, l’acceptation n’est jamais automatique : elle dépend entièrement de la capacité des robots à répondre aux exigences de fiabilité, de sécurité et de coût. Ce sont des conditions normales après tout, mais le besoin de le préciser montre que la technologie doit encore faire ses preuves.
Pourquoi quand même choisir le design humanoïde ?
Si le marché n’est pas encore prêt à accueillir des humanoïdes, on peut légitimement se demander pourquoi les industriels persistent à adopter ce design. En réalité, leur choix ne tient pas seulement à l’esthétique : il repose sur des raisons techniques, stratégiques et symboliques bien réelles.
1. Un symbole puissant du progrès

L’humanoïde reste un symbole universel de progrès. Peut-être que cette vision de la réussite dans la création d’un humanoïde nous vient des textes religieux, où donner vie à son image est perçu comme l’acte ultime de création. Il n’en reste pas moins que voir un robot marcher, manipuler des objets ou interagir avec son environnement démontre une maîtrise technologique totale.
C’est ce que Tesla, Figure ou 1X cherchent à montrer à travers leurs prototypes : des robots qui se déplacent naturellement, conversent, effectuent des gestes précis — autant de signes que la robotique a franchi un cap. Pour ces entreprises, l’humanoïde n’est pas seulement un produit : c’est une vitrine d’innovation, un moyen d’affirmer une avance technique et d’attirer investisseurs, talents et attention médiatique.
2. Un entraînement plus facile des modèles IA
Le design humanoïde présente aussi un avantage technique majeur : il facilite l’apprentissage des modèles d’intelligence artificielle.
En adoptant une morphologie proche de la nôtre, ces robots peuvent apprendre à partir de données issues de mouvements humains, captées notamment par la motion capture.

Vous avez peut-être déjà vu Atlas, le robot de Boston Dynamics, courir, sauter ou faire des roues arrière avec une fluidité troublante. Ce réalisme vient du fait que ses comportements sont entraînés à partir de données humaines : lorsqu’un humain saisit une tasse, monte un escalier ou range un objet, chacun de ses gestes devient une référence directe pour entraîner les algorithmes de contrôle — comme les Large Behavior Models (LBM), qui visent à apprendre des comportements complexes à partir du réel.
Cette correspondance entre le corps humain et celui du robot permet d’accélérer les progrès : la machine peut littéralement apprendre à agir, bouger et interagir comme nous.
3. Une course vers les robots généralistes
Le monde a été pensé et créé par des humains, pour des humains.
Ouvrir une porte, monter des marches, utiliser des outils, atteindre une étagère, s’asseoir sur une chaise — la quasi-totalité de nos objets et environnements répond à une logique anthropométrique. La liberté de mouvement et d’action dans notre monde est donc conditionnée… par la forme humanoïde.
C’est pourquoi les industriels cherchent à concevoir des robots polyvalents, capables d’évoluer dans des environnements humains sans aménagements spécifiques.
Un robot bipède doté de bras et de mains peut, en théorie, accomplir une multitude de tâches : porter un carton, plier du linge, aider sur une chaîne de montage ou cuisiner. Des projets comme Tesla Optimus, Figure 02 ou Neo de 1X Technologies incarnent cette ambition : créer un robot généraliste, adaptable à toutes les situations, de l’usine au domicile.
Mais derrière cette ambition se cache une véritable course stratégique : celui qui parviendra à produire le premier humanoïde fiable, sûr et accessible pourrait bien définir le standard du futur.
Le vrai défi : changer les mentalités
On pourrait se dire que de toute façon, ces robots seront d’abord réservés à un usage industriel. Oui.. mais des compagnies comme Tesla, 1X ou Figure revendiquent ouvertement que leurs humanoïdes sont destinés à un marché pour les particuliers, les présentant dans des salons ou des cuisines, comme s’ils faisaient déjà partie de la vie quotidienne... Contradictoire non ?

Face à cette contradiction, la question se pose : quelles solutions pourraient-être mises en place pour favoriser l’acceptation des humanoïdes ? Plutôt que de proposer immédiatement des robots “tout-en-un” dans les foyers, il semble plus réaliste d’envisager une adoption progressive.
La première étape pourrait consister à se familiariser avec des robots spécialisés, déjà largement acceptés : aspirateurs autonomes, robots de cuisine, tondeuses automatiques… Ces machines ont un rôle clair, ne présentent pas de risques majeurs et permettent aux utilisateurs de tester la technologie, d’évaluer sa fiabilité et sa sécurité, et de se familiariser avec l’idée de cohabiter avec des machines.
La deuxième étape pourrait introduire des robots plus polyvalents, capables de combiner plusieurs fonctions, mais sans traits humanoïdes marqués. Les utilisateurs peuvent ainsi s’habituer progressivement à l’interaction avec des machines de plus en plus sophistiquées, tout en restant dans un cadre rassurant.
Enfin, l’acceptation des humanoïdes complets pourrait intervenir une fois que la confiance et la familiarité sont établies. Cette approche par étapes présente plusieurs avantages :
- elle réduit le malaise lié à l’anthropomorphisme,
- elle permet de constater la fiabilité et la sécurité avant d’adopter des machines plus complexes,
- et elle facilite une transition progressive des mentalités, évitant le choc qu’un robot humanoïde “tout-en-un” pourrait provoquer dès le départ.

Alors oui, les humanoïdes c’est pour bientôt. La technologie progresse à grande vitesse, les compagnies faisant toutes la course entre elles pour savoir qui sera la première à sortir son humanoïde domestique. Mais s’il y a bien quelque chose qui prend du temps et que ces industriels semblent avoir négligé, c’est l’évolution des mentalités de leurs consommateurs. Peut-être que la clé de la robotique n’est pas de créer le robot parfait, mais de créer le bon contexte pour qu’il soit accepté.
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